LYSANNE RICHARD

Maman de trois enfants, plongeuse de haut vol, conférencière,  Lysanne Richard est une fille à défi qui nous inspire. Membre du studio, on la découvre dans cette entrevue.

Rédaction et entrevue réalisée par Christian Pilon, partenaire / Locomotion 

Crédit photo entête: J.-F. Savaria

 

Christian (C pour la suite): On plonge dans le vif du sujet avec une question incontournable lorsqu'on regarde ton parcours. Comme maman de trois enfants, plongeuse de haut vol, conférencière, cascadeuse, analyste télé, entrepreneure, comment fais-tu pour jongler avec ton horaire? 

Lysanne (L pour la suite): Comme j'ai fait beaucoup de cirque, jongler me vient naturellement. (Rire!) Farce à part, je porte beaucoup de chapeaux en ce moment, mais je suis en mesure de construire mon propre horaire. C'est un énorme avantage par rapport à d'autres moments de ma vie. Lorsque j'étais acrobate pour le Cirque du Soleil, par exemple, avec dix spectacles par semaine (plus entraînements), le rythme était imposé et il était plus difficile d'assurer un temps de qualité avec la famille. En ce moment, je mets au centre la famille et je place le reste autour. Il y a certes des moments où je dois m'absenter, mais je suis de toute évidence choyée avec cette liberté d"«horaire».

C: Un de tes principaux chapeaux est plongeuse de haut vol. Tu participeras en 2018 à la coupe du Monde Fina et à la série Red Bull Cliff Diving. Dans le contexte où plonger de plus de 20 m, soit d'un 6e étage approximativement, n'est pas une mince affaire, est-ce que parfois, tu sens que les gens te trouvent un peu trop casse-cou?

L: J'ai eu droit à quelques: «té donc ben folle!». Je peux comprendre. «Maman de trois enfants, 36 ans...pas très responsable...» Ceci dit, c'est mal me connaître. Je suis extrêmement prudente. J'ai eu mon aîné, Louka, à l'âge de 20 ans. J'ai intégré très tôt l'importance de mon rôle de maman et je peux dire, sans trop me tromper, que je suis celle qui se prépare le mieux à la compétition. Au départ, j'ai une armada d'experts autour de moi à l'INS (Institut National de Sport du Québec), mais au-delà je m'attarde à tous les détails. Par exemple, chaque jour je fais des exercices pour mes yeux qui m'aident à mieux percevoir les distances. J'optimise ainsi mes entrées dans l'eau. J'ai des exercices pour développer mes réflexes dans le cas où je dois rattraper une position en vol et je viens d'ajouter l'Essentrics et le yoga au Studio, comme tu sais, pour compléter sur d'autres aspects.

C: On parle tout de même d'une activité à haut risque. On est d'accord que Red Bull ne risque pas de commanditer le curling de sitôt!? Tu n'as pas pu participer à la saison 2017 à cause d'une blessure. Tu dois sentir une pression pour aller plus loin, prendre des risques, sortir la nouvelle figure qui te permettra de monter sur la première marche?

L: En 2009, lorsque Red Bull a lancé la série pour hommes, mes yeux pétillaient. Lorsqu'en 2013, les femmes ont rejoint le circuit, j'ai raté la première saison pour la magnifique raison que ma petite dernière, Flavie, est arrivée. La saison suivante, je n'ai pas pu participer, car j'avais décroché le rôle principal d'un spectacle de cirque. J'ai donc démarré avec un temps de retard. Mes comparses de saut avaient en banque deux saisons lorsque j’ai rejoint le circuit. Il aurait été tentant de prendre des raccourcis à ce moment, mais il n'en était pas question. J'avais les figures les plus simples du circuit, mais je les contrôlais très bien. La stratégie a été payante, elle m'a permis de monter sur le podium lors de certaines épreuves et de prendre la cinquième place lors de la saison 2015. En 2016, j'ai progressé et pris la deuxième place. Toujours en 2016, j'ai remporté la Coupe du Monde de la FINA à Abu Dhabi et j'ai eu l'honneur d'être nommée athlète féminin FINA de l'année pour le plongeon de haut vol. J'ai fait les choses graduellement. Quand j'ajoute une figure, je sais qu'elle sera bonne dès le départ, il n'y a pas d'improvisation. Je pense faire cinq fois plus d’«éducatifs» que d'autres sur le circuit. J'ai une préparation solide.

Pour ce qui est de la blessure que tu évoques, une hernie discale cervicale, elle a pris racine lors d'accidents de cirque où l'on contrôle moins bien tous les paramètres dans un environnement collectif. Elle n'a pas de lien direct avec le plongeon de haut vol. J'ai combattu des inconforts. J’ai fait ce qu'il fallait en termes de «physio», mais quelques séquelles sont demeurées. Un jour, «clac!», compression des nerfs et perte de mobilité partielle. J'ai été chanceuse dans ma malchance. La blessure aurait pu arriver plus tard, être potentiellement plus grave et mettre fin à ma carrière. Après une année de pause, j'ai bien remis tout ça d'équerre. Je suis plus forte que jamais. J'aime penser qu'en ayant bien guérie, je pourrai poursuivre ma carrière encore longtemps.

C: Comment réagissent tes enfants aux exploits de maman?

L: Très bien! Je pense qu'ils sont fiers. J'ai quelques amis de mon plus grand qui me suivent sur Instagram. Plutôt cool! Mon deuxième, Éli, 9 ans, est mon plus grand «fan». Il a été d'un soutien incroyable lorsque je me suis remise de ma blessure. Ma plus petite, Flavie, 4 ans, ne réalise pas complètement le côté «hors de l'ordinaire» de l'activité de sa maman. Pour l'instant: «Maman fait des Ploufs dans l'eau!»

C: Pour arriver à les épater (et nous également), tu dois t'entraîner fort. À quoi ressemble ton horaire d'entraînement?

L: Si on parle d'horaire au sens propre, il est très variable. Comme mentionné, j'insère le tout dans mes journées en fonction de ma vie de famille et de mes activités professionnelles; conférence, communication et cie. Si on parle de fréquence, je vais toujours trouver au minimum une heure pour bouger par jour. Incontournable pour me donner de l'énergie et être productive. Sinon, je garde tout de même une bonne structure autour de quatre entraînements de plongeon de 2 h chaque semaine. Chacune de ces séances comprend une heure d'échauffement. J'intègre 2 à 3 séances de préparation physique et j'ai récemment ajouté, tel que je le mentionnais, l'Essentrics. J'ai la chance d'en faire avec Maude depuis maintenant deux ans à l'INS. En discutant avec elle pour tenter de se croiser plus souvent, on a constaté que l'horaire du Studio me convenait. C'est via cet échange que je suis venue vers le Studio. Une fois chez vous, j'en ai profité pour ajouter le yoga et découvrir le Locospin.

C: Qu'est-ce que ces cours t'apportent?

L: Je te parlerais presque d'un passe-temps. Comme l'entraînement et ma vie ne font qu'un depuis bien longtemps, participer à des cours collectifs me permet d'intégrer une portion ludique. Derrière, il y a tout de même l'idée d'améliorer ma forme, l'Essentrics pour des lignes élégantes, allongées qui fonctionnent pour ma discipline, le yoga pour me recentrer, le Locospin pour travailler mon cardio.

À l'INS, l'encadrement est incroyable, les gens gentils, mais la préoccupation principale pour les athlètes que je côtoie est la performance et leur univers est souvent compact. Je ne porte pas de jugement. Pour arriver à de haut niveau, il faut être totalement dédié. Mon parcours n'est pas le même, je compte bien demeurer à un très haut niveau longtemps, mais j'ai besoin d'un équilibre. Être avec des gens de mon âge qui poussent aussi très fort pour garder la forme, mais qui en parallèle ont une vie de maman, de papa, avec des emplois stimulants, me donne un nouvel espace d'échange qui fait du bien, tout simplement.

C: Ce contact humain que tu cherches au Studio doit être central dans ce que tu fais comme conférencière.

L: J'aime les nouveaux défis. J'avais quelques inquiétudes au départ, mais j'ai trouvé mes repères rapidement et retrouvé le lien avec le public que j'avais lors des spectacles de cirque. Ça me manquait! Avec ce que je fais et mon parcours, je crois être en mesure de parler avec pertinence du dépassement de soi. J'ai une conférence «canevas» qui s'intitule: «Toujours plus haut». Elle me sert de point de départ, mais je m'assure de bien comprendre l'auditoire du moment (scolaire, corpo, etc.) et d'adapter au maximum pour un maximum d'impact et de pertinence. Plus jeune, j’avais hésité entre la communication et le cirque; deux disciplines qui m’ont toujours parlé. Je suis heureuse de revenir vers la communication via les conférences et dernièrement comme analyste-spécialiste à TVA Sports.

C: Je me permets des questions en rafales pour compléter. Ton athlète préféré(e)?

L: J'aime ce qui sort de l'ordinaire, un peu extrême. Je pense à Patrick Charlebois qui a fait 7 marathons en 7 jours sur 7 continents. Sinon Normand Piché qui a nagé en eau libre pour un total de 100 km, si je me rappelle bien, en effectuant 5 traversées qui reliaient 5 continents. Au-delà de ces exploits, j'admire la discipline du «quotidien». Les gens qui s'entraînent sans relâche, sans être de grands athlètes. Il y a possiblement autant de mérite là-dedans quand on pense au rythme de vie que la société impose parfois.

C: Des choses précises que tu fais en nutrition?

L: J'ai la chance de travailler avec une nutritionniste, Alexia De Macar, qui m'aide à différents niveaux. Je dois faire attention aux carences en fer et vitamine B12 comme plusieurs femmes dans le sport. Je m'assure de ne rien manquer avec ma nutrition qui est à forte tendance végétarienne (en ce moment 100%). Parenthèse, il s'agit d'un choix personnel qui n'a pas de lien avec la recherche de performance. Sinon, côté pratico-pratique, je m'assure de manger toutes les trois heures pour garder l'énergie dans le tapis.

C: Film préféré?

L: La vie est belle avec Roberto Benigni pour la recherche artistique, sinon je prends beaucoup de plaisir avec la famille à regarder les films d'enfants.

C: Dernière question: ton spectacle préféré du Cirque du Soleil?

L: Aille! Difficile! Je vais dire Kooza pour le côté festif qui permet une évasion totale.

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PLUS DE DÉTAILS SUR LYSANNE

Malgré son horaire chargé, Lysanne est impliquée dans divers organismes qui font la promotion de l'activité physique. Elle est ambassadrice pour les Jeux de Montréal qui auront lieu en avril.

En préparation pour la série de Red Bull Cliff Diving qui débutera en juin, elle participe à des compétitions provinciales de plongeon. Elle complétera sa saison en octobre avec la Coupe du monde de la FINA.

Vous pouvez la suivre sur >Facebook< et sur >Instagram<
et visiter son site web: lysannerichard.com

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